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Les médecins sont-ils des techniciens ou des accompagnants pour les malades ? Le corps médical se compose de différents postes de médecins et de différents profils. Certains souhaitent avant tout guérir les patients malades et d’autres les soigner : ces deux approches sont totalement différentes. Elles sont perçues différemment par les patients, et elles modifient la relation médecin-patient.

 

Ces différentes postures reflètent également la modification de la relation médecin-patient ces dernières années pour passer d’un paternalisme médical à une collaboration. La modification de la loi et l'avènement de l’éducation thérapeutique ont fait modifier les pratiques.

Ces dernières années, la relation médecin-patient s'est modifiée pour passer d'un paternalisme médical à une collaboration. La modification de la loi et l'avènement de l’éducation thérapeutique ont fait modifier les pratiques.

 

L’expression paternalisme médical décrit la posture d’un médecin qui, au-delà de son savoir faire technique et médical, exprime un jugement moral sur ses patients, notamment en décidant de ce qui est bien ou mal pour lui au delà des bons et mauvais traitements.

 

Au contraire lors d'une collaboration, le patient et le médecin échangent d'égal à égal en proposant des traitements, etc. Le dialogue est au centre de cette relation où le rapport de force disparaît.

Soigner : une attitude

Guérir : une technique

Le paternalisme médical :

L'alliance thérapeutique:

La définition du soin par Martin Winckler (médecin généraliste en France jusqu’en 2008, aujourd’hui écrivain et professeur au Québec, il a consacré sa carrière à la santé des femmes) :

Cette posture médicale impose de mettre le patient au premier plan des préoccupations, et de s’attarder sur le discours du patient qui détaille ses besoins.

 

Dans cette mouvance sont nées les médecines alternatives visant à améliorer le quotidien de patients par des activitées de musicothérapie, de créativité ou autre. Il ne s’agit plus de guérir un patient mais de l’accompagner et de lui aménager un quotidien aussi agréable que possible pour l’aider à vivre avec la maladie. 

 

Certains spécialistes ne voient que les symptômes et les maladies derrière leurs patients et ne s’attardent à les guérir que comme des cas cliniques. Ces médecins aux profils de techniciens restent un témoignage d’une ancienne génération

 

Chaque médecin ne joue pas le même rôle dans l'équipe médicale, il n’a pas le même temps à accorder au patient. Le parcours de soin se partage entre différents professionnels qui peuvent chacun apporter leur pierre à l’édifice.

 

Les patients n’attendent pas forcément la même attitude de leur médecin généraliste que d’un spécialiste, et ils n’envisagent pas la relation médecin-patient de la même manière.

 

La profession de médecin induit une supériorité de savoir qui peut se retranscrire dans la relation médecin-patient. Le vocabulaire du soin image facilement cela. Certains patients peuvent être en retrait face à un médecin sachant.

 

Aujourd’hui, l'avènement de la médecine narrative et la nouvelle génération de médecins laisse place à la collaboration médecin-patient. Le patient demande conseil au médecin sur son traitement. Le médecin s’attache à ce que son patient ait la compréhension la plus complète possible de sa maladie et de ses traitements. C’est au sein de cette relation de confiance que le parcours de soin se tisse. 

 

Le statut de patient expert, informé sur sa maladie et formateur pour accompagner d’autres malades, a remis à niveau cette relation médecin-patient et brisé le rapport de force. Il permet de faire le lien avec l’équipe médicale et de montrer aux patients qu’une autre relation médecin-patient existe. Les médecins qui participent aux ateliers d’éducation thérapeutiques recherchent une collaboration avec les patients :

C’est aussi le cas des ordonnances (qui laissent peu à peu place aux prescriptions) : lorsque l’on ordonne quelque chose à quelqu’un, on comprend vite où se trouve le rapport de force. On ne peut pas être dans une collaboration médecin-patient et finir par ordonner un traitement …

Le saviez-vous ?

 

En France, il a fallu attendre les loi Kouchner du 4 mars 2002 pour que soit nécessaire le “consentement libre et éclairé du patient aux actes et traitements qui lui sont proposés” et ainsi la possibilité pour ce dernier de refuser un traitement. 

 

Ces principes sont définis dans l'Article L. 111-4 du Code de Santé Publique:


Art. L. 1111-4 « Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment."

 

Nathalie Deparis, patiente experte atteinte d'une polyarthrite rhumatoïde et membre d'associations de patients (dont l'AFVD) raconte une expérience avec un chirurgien il y a un vingtaine d’année :

 

Nathalie Deparis, patiente experte atteinte d'une polyarthrite rhumatoïde et membre d'associations de patients (dont l'AFVD) raconte une expérience avec un chirurgien il y a un vingtaine d’année :

 

Nathalie Deparis, patiente experte anime des ateliers d'éducation thérapeutique, elle explique comment la relation médecin-patient peut se modifier dans le cadre de l'éducation thérapeutique

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Soigner et Guérir : 2 profils de médecins

Du paternalisme médical à la collaboration

Martin Winckler

Nathalie Deparis

Témoignage Anonyme

Nathalie Deparis 

" Le soin ça n’est pas un geste technique, le soin c’est une attitude. C’est comportemental, c’est relationnel le soin. On peut soigner sans aucun matériel : prendre la main de quelqu’un ou le prendre dans ses bras c’est le soigner. Et c’est une attitude.

 

Ca veut dire que toute la formation soignante devrait être fondée là dessus. La nécessité d’ensemble c’est que tous les professionnels de santé devraient être formés à donner des soins en se fondant sur l’expression des besoins et la liberté des gens qu’ils soignent. "

" Moi je me souviens avoir été vue par un chirurgien de la main. Il était âgé mais c’était un orthopédiste cotté, mais je l’ai détesté. Il parlait aux autres, il ne s’intéressait. Il regardait mes mains et il ne me regardait pas moi.

 

Et à un moment je l’ai provoqué je me suis penchée et je lui ai dit : vous me parlez à moi, pas à mes mains. Et donc il m’a prise pour une folle. Mais je ne veux pas avoir un médecin comme ça. "

" J’ai toujours eu du mal avec le mot docteur. Quand je m’adresse à mon médecin en l’appelant docteur, je me sens dans une situation d’infériorité qui me gène, qui me bloque … Ça peut paraître être rien pourtant … "

" L’idée c’est de faire le lien aussi avec l’équipe médicale. Souvent les malades ont une posture un peu en retrait par rapport aux médecins. On reste un peu dans le schéma du médecin qui sait, du patient qui ne sait pas … un peu comme autrefois.

 

Et moi je suis là aussi pour dire que l’on peut poser des questions que l’on n’ose pas. Et les médecins avancent aussi là dessus. Parce que l’éducation thérapeutique ça sert aussi aux médecins . -

 

L’idée c’est aussi de changer un peu cette posture de médecin qui assène les choses, et qui dit alors vous avez ça, il faut prendre ça, il faut prendre ça. Enfin une ordonnance ça veut bien dire ce que cela veut dire. Et ça, ça change. Les médecins qui font de l’éducation thérapeutique et les ateliers, il ont déjà compris qu’ils ont tout intérêt à faire une alliance avec leurs patients et ne pas rester comme ça dans ce face à face un peu déséquilibré. "

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